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comme ceci tourne à la conspiration, vous trouverez bon que je me retire, et qu’en me retirant j’emmène M. de Sartines. Venez-vous, duc ? continua M. de Choiseul en s’adressant au maréchal.

— Oh ! ma foi non ! dit le maréchal, j’adore les conspirations, moi ; je reste.

M. de Choiseul se déroba, emmenant M. de Sartines.

Les quelques hommes qui se trouvaient encore là suivirent leur exemple.

Il ne resta autour des princesses que madame de Grammont, madame de Guéménée, madame d’Ayen, madame de Mirepoix, madame de Polastron et huit ou dix des femmes qui avaient embrassé avec le plus d’ardeur la querelle de la présentation.

Monsieur de Richelieu était le seul homme.

Les dames le regardaient avec inquiétude, comme on eût fait d’un Troyen dans le camp des Grecs.

— Je représente ma fille, la comtesse d’Egmont ; allez, dit-il, allez.

— Mesdames, dit la duchesse de Grammont, il y a un moyen de protester contre l’infamie que l’on veut nous imposer, et, pour ma part, j’emploierai ce moyen.

— Quel est-il ? demandèrent en même temps toutes les femmes.

— On nous a dit, reprit madame de Grammont : « Le roi est le maître. »

— Et j’ai répondu : « C’est juste », dit le duc.

— Le roi est maître chez lui, c’est vrai ; mais chez nous, nous sommes maîtresses ; or, qui peut m’empêcher, ce soir, de dire à mon cocher : « À Chanteloup », au lieu de lui dire : « À Versailles » ?

— C’est vrai, dit M. de Richelieu ; mais quand vous aurez protesté, duchesse, qu’en résultera-t-il ?

— Il en résultera qu’on réfléchirait bien davantage encore, s’écria madame de Guéménée, si beaucoup vous imitaient, madame.