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Puis il sortit sans rien ajouter.

Mais à peine eut-il franchi le seuil du salon avec le nombreux cortège de gentilshommes de son service et de sa suite, que l’explosion se fit parmi les princesses et les personnes demeurées après son départ.

— Une présentation ! balbutia la duchesse de Grammont devenue livide. Qu’a donc voulu dire Sa Majesté ?

— Eh ! duchesse, fit le maréchal avec un de ces sourires que ne lui pardonnaient pas ses meilleurs amis, est-ce que cette présentation serait la vôtre, par hasard ?

Mesdames se mordaient les lèvres avec dépit.

— Oh ! impossible ! répétait sourdement madame de Grammont.

— Écoutez-donc, duchesse, dit le maréchal, on remet si bien les jambes aujourd’hui.

M. de Choiseul s’approcha de sa sœur et lui pressa le bras en signe d’avertissement ; mais la comtesse était trop profondément blessée pour rien écouter.

— Ce serait une indignité ! s’écria-t-elle.

— Oui, une indignité ! répéta madame de Guéménée.

M. de Choiseul vit qu’il n’y avait rien à faire, il s’éloigna.

— Oh ! Mesdames, s’écria la duchesse, s’adressant aux trois filles du roi, nous n’avons plus de ressources qu’en vous. Vous, les premières dames du royaume, souffririez-vous que nous soyons exposées à trouver dans le seul asile inviolable des dames de qualité une société dont ne voudraient pas nos filles de chambre ?

Mais les princesses, au lieu de répondre, baissèrent tristement la tête.

— Mesdames, au nom du ciel ! répéta la duchesse.

— Le roi est le maître, dit Madame Adélaïde en soupirant.

— C’est assez juste, dit le duc de Richelieu.

— Mais alors toute la cour de France est compromise ! s’écria la duchesse. Ah ! messieurs, que vous avez peu de souci pour l’honneur de vos familles !

— Mesdames, dit M. de Choiseul en essayant de rire,