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La belle Bourbonnaise
Est fort mal à son aise.

— Ah ! maréchale, maréchale, dit le duc de Richelieu, laissez donc tout l’honneur de son récit à madame la duchesse.

— Voyons, voyons, duchesse, dit madame Victoire, voilà que vous nous avez fait venir l’eau à la bouche, et que vous nous laissez là en chemin.

— Pas du tout ; je tiens au contraire à raconter mon histoire jusqu’au bout. N’ayant pas de marraine, on en chercha une. « Cherchez, et vous trouverez », dit l’Évangile. On chercha si bien qu’on trouva ; mais quelle marraine, bon Dieu ! Une bonne femme de campagne toute naïve, toute candide. On la tira de son colombier, on la mijota, on la dorlota, on la para.

— C’est à faire frémir, dit madame de Guéménée.

— Mais tout à coup, voilà que quand la provinciale est bien mijotée, bien dorlotée, bien parée, elle tombe du haut en bas de son escalier…

— Et ? dit monsieur de Richelieu.

— La jambe se cassa.
Ah ! ah ! ah ! ah !

dit la duchesse, ajoutant un vers de circonstance aux deux vers de la maréchale de Mirepoix.

— De sorte, dit madame de Guéménée, que de présentation ?

— Pas l’ombre, ma chère.

— Ce que c’est que la Providence ! dit le maréchal en levant les deux mains au ciel.

— Pardon, dit madame Victoire ; mais je plains fort la pauvre provinciale, moi.

— Au contraire, madame, dit la duchesse, félicitez-la ; de deux maux elle a choisi le moindre.

La duchesse s’arrêta court : elle venait de rencontrer un second regard du roi.

— Mais de qui donc venez-vous de parler, duchesse ? reprit