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Madame de Grammont lança un regard du côté de la fenêtre pour s’assurer que le roi était toujours là. Le roi y était toujours, mais, bien que causant avec M. de Malesherbes, il ne perdait pas de vue le groupe, et son regard se croisa avec celui de madame de Grammont.

La duchesse se sentit un peu intimidée de l’expression qu’elle avait cru lire dans les yeux du roi ; mais elle était lancée, elle ne voulut pas s’arrêter en chemin.

— Vous savez donc, continua madame de Grammont, s’adressant principalement aux trois princesses, qu’une dame, le nom n’y fait rien, n’est-ce pas ? désira dernièrement nous voir, nous les élus du Seigneur, trônant dans notre gloire, dont les rayons la font mourir de jalousie.

— Nous voir, où ? demanda le duc.

— Mais à Versailles, à Marly, à Fontainebleau.

— Bien, bien, bien.

— La pauvre créature n’avait jamais vu de nos grands cercles que le dîner du roi, où les badauds sont admis derrière les bannières à regarder manger Sa Majesté et ses convives, en défilant, bien entendu, sous la baguette de l’huissier de service.

Monsieur de Richelieu prit bruyamment du tabac dans une boîte de porcelaine de Sèvres.

— Mais pour nous voir à Versailles, à Marly, à Fontainebleau, il faut être présentée, dit le duc.

— Justement, la dame en question sollicita la présentation.

— Je parie qu’elle lui fut accordée, dit le duc, le roi est si bon !

— Malheureusement, pour être présentée il ne suffit pas de la permission du roi, il faut encore quelqu’un qui vous présente.

— Oui, dit madame de Guéménée, quelque chose comme une marraine, par exemple.

— Oui, mais tout le monde n’a pas une marraine, dit madame de Mirepoix, témoin la belle Bourbonnaise, qui en cherche une et qui n’en trouve pas.

Et elle se mit à fredonner :