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comme vous daignez le permettre. J’ose croire, sire, que Votre Majesté peut m’honorer d’un bon accueil, étant alliée d’une maison dont chaque chef a versé son sang pour le service des princes de votre auguste race. »

— Maintenant, signez s’il vous plaît.

Et la comtesse signa :

« Anastasie-Euphémie-Rodolphe,

Comtesse de Béarn. »

La vieille écrivait d’une main ferme ; les caractères, grands d’un demi-pouce, se couchaient sur le papier qu’ils saupoudrèrent d’une quantité aristocratique de fautes d’orthographe.

Lorsqu’elle eut signé, la vieille, tout en retenant d’une main la lettre qu’elle venait d’écrire, passa de l’autre main l’encre, le papier et la plume à madame du Barry, laquelle, d’une petite écriture droite et épineuse, souscrivit une obligation de vingt-une mille livres, douze mille pour indemniser de la perte des vignes, neuf mille pour payer les honoraires de maître Flageot.

Puis elle écrivit une petite lettre à MM. Boëhmer et Bassange, joailliers de la couronne, les priant de remettre au porteur la parure de diamants et d’émeraudes appelée Louise, parce qu’elle venait de la princesse tante du dauphin, laquelle l’avait vendue pour ses aumônes.

Cela fini, marraine et filleule échangèrent leur papier.

— Maintenant, dit madame du Barry, donnez-moi une preuve de bonne amitié, chère comtesse.

— De tout mon cœur, madame.

— Je suis sûre que si vous consentez à vous installer chez moi, Tronchin vous guérira en moins de trois jours. Venez-y donc ; en même temps, vous essaierez de mon huile qui est souveraine.

— Montez toujours en carrosse, madame, dit la prudente vieille ; j’ai quelques affaires à terminer ici avant de vous rejoindre.

— Vous me refusez ?