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— Sa Majesté vous le remettra elle-même.

— Mais la promesse des frais de levée du régiment ?

— Le brevet l’impliquera.

— Parfait. Il ne reste plus que la question des vignes.

— Vous estimiez ces quatre arpents, madame ?…

— Six mille livres l’arpent. C’étaient d’excellentes terres.

— Je vais vous souscrire une obligation de douze mille livres qui, avec les douze mille que vous avez déjà reçues, feront juste les vingt-quatre mille.

— Voici l’écritoire, madame, dit la comtesse, en montrant du doigt l’objet qu’elle nommait.

— Je vais avoir l’honneur de vous la passer, dit madame du Barry.

— À moi ?

— Oui.

— Pour quoi faire ?

— Pour que vous daigniez écrire à Sa Majesté la petite lettre que je vais avoir l’honneur de vous dicter. Donnant, donnant.

— C’est juste, dit madame de Béarn.

— Veuillez donc écrire, madame.

La vieille attira la table près de son fauteuil, apprêta son papier, prit la plume et attendit.

Madame du Barry dicta :

« Sire, le bonheur que je ressens de voir acceptée par Votre Majesté l’offre que j’ai faite d’être la marraine de ma chère amie, la comtesse du Barry… »

La vieille allongea les lèvres et fit cracher sa plume.

— Vous avez une mauvaise plume, comtesse, dit la favorite, il faut la changer.

— Inutile, madame, elle s’habituera.

— Vous croyez ?

— Oui.

Madame du Barry continua :

« …m’enhardit à solliciter Votre Majesté de me regarder d’un œil favorable, quand demain je me présenterai à Versailles,