— C’est que, selon toute probabilité, votre accident vient d’une grande émotion que vous avez ressentie.
— Oh ! je ne dis pas non, dit la plaideuse en faisant une révérence du buste seulement ; j’ai été fort émue de l’honneur que vous me fîtes en me recevant si gracieusement chez vous.
— Je crois qu’il y a eu encore autre chose.
— Autre chose ? ma foi, non, rien que je sache, madame.
— Oh ! si fait, une rencontre…
— Que j’aurais faite ?
— Oui, en sortant de chez moi.
— Je n’ai rencontré personne, madame. J’étais dans le carrosse de monsieur votre frère.
— Avant de monter dans le carrosse.
La plaideuse eut l’air de chercher.
— Pendant que vous descendiez les degrés du perron.
La plaideuse feignit une plus grande attention encore.
— Oui, dit madame du Barry avec un sourire mêlé d’impatience ; quelqu’un entrait dans la cour comme vous sortiez de la maison.
— J’ai du malheur, madame, je ne me souviens pas.
— Une femme… Ah ! vous y êtes maintenant.
— J’ai la vue si basse, qu’à deux pas de moi que vous êtes, madame, je ne distingue point. Ainsi, jugez.
— Allons, elle est forte, se dit tout bas la comtesse. Ne rusons pas, elle me battrait. Eh bien ! puisque vous n’avez pas vu cette dame, continua-t-elle tout haut, je veux vous dire qui elle est.
— Cette dame qui est entrée comme je sortais ?
— Précisément. C’était ma belle-sœur, mademoiselle du Barry.
—Ah ! très bien, madame, très bien. Mais comme je ne l’ai jamais vue…
— Si fait.
— Je l’ai vue ?
— Oui, et traitée même.
— Mademoiselle du Barry ?