rôder autour de l’hôtellerie du Coq chantant. Rien, pas de démarches, pas de visite, tout allait à merveille. Je crois, en conséquence, que je puis rentrer et dormir. Je rentre et je dors.
Ce matin, au point du jour, je m’éveille, j’éveille Patrice, et je lui ordonne de se mettre en faction au coin de la borne.
À neuf heures, notez bien, une heure plus tôt que l’heure dite, j’arrive avec le carrosse ; Patrice n’a rien vu d’inquiétant, je monte l’escalier assez rassuré.
À la porte, une servante m’arrête et m’apprend que madame la comtesse ne pourra sortir de la journée et peut-être de huit jours.
J’avoue que, préparé à une disgrâce quelconque, je ne m’attendais point à celle-là.
— Comment ! elle ne sortira pas ? m’écriai-je ; et qu’a-t-elle donc ?
— Elle est malade.
— Malade ? Impossible ! Hier elle se portait à ravir.
— Oui, monsieur. Mais madame a l’habitude de faire son chocolat, et ce matin, en le faisant bouillir, elle l’a répandu du fourneau sur son pied, et elle s’est brûlée. Aux cris qu’a poussés madame la comtesse, je suis accourue. Madame la comtesse a failli s’évanouir. Je l’ai portée sur son lit, et en ce moment je crois qu’elle dort.
― J’étais pâle comme votre dentelle, comtesse. Je m’écriai :
— C’est un mensonge !
— Non, cher monsieur Dubarry, répondit une voix si aigre, qu’elle semblait percer les solives ; non, ce n’est pas un mensonge, et je souffre horriblement.
Je m’élançai du côté d’où venait cette voix, je passai à travers une porte qui ne voulait pas s’ouvrir ; la vieille comtesse était réellement couchée.
— Ah ! madame !… lui dis-je.
Ce fut tout ce que je pus proférer de paroles. J’étais enragé : je l’eusse étranglée avec joie.
— Tenez, me dit-elle en me montrant un méchant marabout gisant sur le carreau, voilà la cafetière qui a fait tout le mal.