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La Brie fit timidement quelques pas.

— Avance donc, ventrebleu ! Voyons, penses-tu que la chambre rouge soit présentable ?

— Certes oui, monsieur, répondit le vieux serviteur, puisque c’est celle de monsieur Philippe quand il vient à Taverney.

— Elle peut être fort bien pour un pauvre diable de lieutenant qui vient passer trois mois chez un père ruiné, et fort mal pour un riche seigneur qui court la poste à quatre chevaux.

— Je vous assure, monsieur le baron, dit Balsamo, qu’elle sera parfaite.

Le baron fit une grimace qui voulait dire : « C’est bon, je sais ce qu’il en est. »

Puis tout haut :

— Donne donc la chambre rouge à monsieur, continua-t-il, puisque monsieur veut absolument être guéri de l’envie de revenir à Taverney. Ainsi, vous tenez à coucher ici ?

— Mais oui.

— Cependant, attendez donc, il y aurait un moyen.

— À quoi ?

— À ce que vous ne fissiez pas la route à cheval.

— Quelle route ?

— La route qui mène d’ici à Bar-le-Duc.

Balsamo attendit le développement de la proposition.

— Ce sont des chevaux de poste qui ont amené votre voiture ici ?

— Sans doute, à moins que ce ne soit Satan.

— J’ai pensé d’abord que cela pouvait être, car je ne vous crois pas trop mal avec lui.

— Vous me faites infiniment plus d’honneur que je n’en mérite.

— Eh bien ! les chevaux qui ont amené votre voiture peuvent la remmener.

— Non pas, car il n’en reste que deux sur quatre. La voiture est lourde et les chevaux de poste doivent dormir.

— Encore une raison. Décidément vous tenez à coucher ici.

— J’y tiens aujourd’hui pour vous revoir demain. Je veux vous témoigner ma reconnaissance.