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En ce moment l’huissier de service ouvrit la porte.

— Ah ! dit le roi avec un léger nuage d’ennui, est-ce déjà M. de Choiseul ?

— Non, sire, répondit l’huissier, c’est monseigneur le dauphin, qui voudrait parler à Votre Majesté.

La comtesse fit un bond de joie, car elle croyait que le dauphin se rapprochait d’elle ; mais Chon, qui pensait à tout, fronça le sourcil.

— Eh bien ! où est-il, M. le dauphin ? demanda le roi impatienté.

— Chez Sa Majesté. M. le dauphin attendra que Sa Majesté rentre chez elle.

— Il est dit que je ne serai jamais tranquille un instant, gronda le roi.

Puis, tout à coup, comprenant que cette audience demandée par le dauphin lui épargnait, momentanément du moins, sa scène avec M. de Choiseul, il se ravisa.

— J’y vais, dit-il, j’y vais. Adieu, comtesse. Voyez comme je suis malheureux, voyez comme on me tiraille.

— Votre Majesté s’en va, s’écria la comtesse, au moment où M. de Choiseul va venir ?

— Que voulez-vous ! le premier esclave c’est le roi. Ah ! si MM. les philosophes savaient ce que c’est que d’être roi, et roi de France surtout !

— Mais, sire, restez.

— Oh ! je ne puis pas faire attendre le dauphin. On dit déjà que je n’aime que mes filles.

— Mais, enfin, que dirai-je à M. de Choiseul ?

— Eh bien ! vous lui direz de venir me trouver chez moi, comtesse.

Et pour briser court à toute observation, le roi baisa la main de la comtesse frémissante de colère, et disparut en courant, comme c’était son habitude, chaque fois qu’il craignait de perdre le fruit d’une bataille gagnée par ses temporisations et son astuce de bourgeois.

— Oh ! il nous échappe encore ! s’écria la comtesse en frappant ses deux mains avec dépit.