rosses de Sa Majesté, osez-vous porter la main sur les chevaux de la dauphine ?
— D’abord il y a ici soixante chevaux. Son Altesse royale n’en peut employer que huit ; j’aurais donc bien du malheur si, en prenant trois au hasard, je prenais justement ceux de madame la dauphine.
— Il y a soixante chevaux, c’est vrai, dit le jeune homme ; Son Altesse royale n’en emploie que huit, c’est encore vrai ; mais cela n’empêche point que tous ces chevaux, depuis le premier jusqu’au soixantième, soient à Son Altesse royale, et vous ne pouvez admettre de distinction dans ce qui compose le service de la princesse.
— Vous voyez cependant que l’on en admet, répondit-il avec ironie, puisque je prends cet attelage. Faut-il que j’aille à pied, moi, quand des faquins de laquais courront à quatre chevaux ? Mordieu ! qu’ils fassent comme moi, qu’ils se contentent de trois, et ils en auront encore de rechange.
— Si ces laquais vont à quatre chevaux, monsieur, dit Philippe étendant le bras vers le vicomte, pour lui faire signe de ne pas s’entêter dans la voie qu’il avait prise, c’est que l’ordre du roi est qu’ils aillent ainsi. Veuillez donc, monsieur, ordonner à votre valet de chambre de reconduire ces chevaux où vous les avez pris.
Ces paroles furent prononcées avec autant de fermeté que de politesse ; et à moins que d’être un misérable, on devait y répondre poliment.
— Vous auriez peut-être raison, mon cher lieutenant, de parler ainsi, répondit le vicomte, s’il entrait dans votre consigne de veiller sur ces animaux ; mais je ne sache point encore que les gendarmes-dauphin aient été élevés au grade de palefrenier ; fermez donc les yeux, dites à vos hommes d’en faire autant, et bon voyage !
— Vous faites erreur, monsieur ; sans être élevé ou descendu au grade de palefrenier, ce que je fais en ce moment rentre dans mes attributions, car madame la dauphine elle-même m’envoie en avant pour veiller sur ses relais.
— C’est différent, alors, répondit Jean ; mais permettez-moi