Il y en a là soixante qui sortent des écuries de Sa Majesté, et vous aurez de quoi choisir. Mais laissez son cheval à la personne qui n’en a qu’un.
— Et moi, je vous répète que c’est celui-là que je veux.
— Pas dégoûté, un cheval arabe !
— Raison de plus pour que j’aie envie de l’acheter.
— Malheureusement il n’est pas à vendre.
— Mais à qui appartient-il donc ?
— Vous êtes bien curieux.
— Et toi bien discret.
— Eh bien ! il appartient à une personne qui loge chez moi, et qui aime cette bête comme elle aimerait un enfant.
— Je veux parler à cette personne.
— Elle dort.
— Est-ce un homme ou une femme ?
— C’est une femme.
— Eh bien ! dis à cette femme que si elle a besoin de cinq cents pistoles, on les lui donnera en échange de ce cheval.
— Oh ! oh ! fit le paysan en ouvrant de grands yeux ; cinq cents pistoles ! c’est un joli denier.
— Ajoute, si tu veux, que c’est le roi qui a envie de cette bête.
— Le roi ?
— En personne.
— Allons donc, vous n’êtes pas le roi, peut-être ?
— Non, mais je le représente.
— Vous représentez le roi ? dit le paysan en ôtant son chapeau.
— Fais vite, l’ami, le roi est très pressé.
Et l’hercule jeta sur la route un regard de surveillance.
— Eh bien ! quand la dame sera réveillée, dit le paysan, vous pouvez être tranquille, je lui en toucherai deux mots.
— Oui ; mais je n’ai pas le temps d’attendre qu’elle soit réveillée, moi.
— Que faire alors ?
— Parbleu ! réveille-la.
— Ah ! par exemple, jamais je