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— N’y a-t-il pas un bon orfèvre à Bar-le-Duc ?

— Oh ! oui, monsieur, celui qui a ressoudé la timbale d’argent de mademoiselle Andrée.

— C’est bien. Andrée ! mettez à part le verre dans lequel a bu Son Altesse Royale, et faites porter dans le carrosse le reste du service. Et toi, bélître, cours à la cave, et fais servir à ce gentilhomme ce qui reste ici de bon vin.

— Une bouteille, monsieur ? dit La Brie avec une profonde mélancolie.

— C’est tout ce qu’il faut.

La Brie sortit.

— Allons, Andrée ! continua le baron en prenant les deux mains de sa fille, allons, du courage ! mon enfant. Nous allons à la cour ; il y a beaucoup de titres vacants là-bas, beaucoup d’abbayes à donner, pas mal de régiments sans colonel, bon nombre de pensions en jachère. C’est un beau pays que la cour, bien éclairé par le soleil. Mets-toi toujours du côté où il luira, ma fille, tu es belle à voir. Va, mon enfant, va.

Andrée sortit à son tour après avoir présenté son front au baron.

Nicole la suivit.

— Holà ! monstre de La Brie, cria Taverney en sortant le dernier, aie bien soin de monsieur l’exempt, entends-tu ?

— Oui, monsieur, répondit La Brie du fond de la cave.

— Moi, continua le baron en trottinant vers sa chambre, moi, je vais ranger mes papiers… Que dans une heure nous soyons hors de ce bouge, Andrée, entends-tu bien !… J’en sortirai donc enfin de Taverney, et par la bonne porte encore. Quel brave homme que ce sorcier !… En vérité, je deviens superstitieux comme un diable. Mais dépêche-toi donc, misérable La Brie.

— Monsieur, j’ai été obligé d’aller à tâtons. Il n’y avait plus de chandelle au château.

— Il était temps, à ce qu’il paraît, dit le baron.