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au fils des conseils de loyauté, à la fille des conseils de vertu… Dignes serviteurs que j’aurai là, n’est-ce pas, monsieur ? continua Marie-Antoinette en s’adressant au jeune homme, qui ne put que s’agenouiller, et sur les lèvres duquel l’émotion fit expirer la voix.

— Mais… murmura le baron, auquel revint le premier la faculté de réfléchir.

— Oui, je comprends, dit la dauphine, vous avez des préparatifs à faire, n’est-ce pas ?

— Sans doute, madame, répondit Taverney.

— J’admets cela ; cependant ces préparatifs ne peuvent être bien longs.

Un sourire triste qui passa sur les lèvres d’Andrée et de Philippe, tout en se dessinant amer sur celles du baron, l’arrêta dans cette voie qui devenait cruelle pour l’amour-propre des Taverney.

— Non, sans doute, si j’en juge par votre désir de me plaire, ajouta la dauphine. D’ailleurs, attendez, je vous laisserai ici un de mes carrosses, il vous conduira à ma suite. Voyons, monsieur le gouverneur, venez à mon aide.

Le gouverneur s’approcha.

— Je laisse un carrosse à monsieur de Taverney que j’emmène à Paris avec mademoiselle Andrée, dit la dauphine. Nommez quelqu’un pour accompagner ce carrosse et le faire reconnaître comme étant des miens.

— À l’instant même, madame, répondit le baron de Stainville ; avancez, monsieur de Beausire.

Un jeune homme de vingt-quatre à vingt-cinq ans, à la démarche assurée, à l’œil vif et intelligent, sortit des rangs de l’escorte et s’avança le chapeau à la main.

— Vous garderez un carrosse pour M. de Taverney, dit le gouverneur, et vous accompagnerez le carrosse.

— Veillez à ce qu’il nous rejoigne bientôt, dit la dauphine ; je vous autorise à doubler, s’il le faut, les relais.

Le baron et ses enfants se confondirent en actions de grâces.

— Ce brusque départ ne vous fait point trop de peine, n’est-ce pas, monsieur ? demanda la dauphine.