Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/182

Cette page n’a pas encore été corrigée

la nacre des parois et au diamant du centre, parurent offrir quelque signification aux regards attentifs du devin.

Chacun fit silence.

Balsamo éleva dans ses mains la carafe de cristal, et après l’avoir considérée un instant avec attention, il la reposa sur la table en secouant la tête.

— Eh bien ? demanda la dauphine.

— Je ne puis parler, dit Balsamo.

Le visage de la princesse prit une expression qui signifiait visiblement : « Sois tranquille ; je sais comment on fait parler ceux qui veulent se taire. »

— Parce que vous n’avez rien à me dire ? reprit-elle tout haut.

— Il y a des choses qu’on ne doit jamais dire aux princes, madame, répliqua Balsamo d’un ton indiquant qu’il était décidé à résister, même aux ordres de la dauphine.

— Surtout, reprit celle-ci, quand ces choses-là, je le répète, se traduisent par le mot rien.

— Ce n’est point là ce qui m’arrête, madame ; au contraire.

La dauphine sourit dédaigneusement.

Balsamo paraissait embarrassé ; le cardinal commença de lui rire au nez, et le baron s’approcha en grommelant.

— Allons, allons, dit-il, voilà mon sorcier usé : il n’a pas duré longtemps. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à voir toutes ces tasses d’or se changer en feuilles de vigne, comme dans le conte oriental.

— J’eusse aimé mieux, reprit Marie-Antoinette, de simples feuilles de vigne que tout cet étalage fait par monsieur pour en arriver à m’être présenté.

— Madame, répondit Balsamo fort pâle, daignez vous rappeler que je n’ai pas sollicité cet honneur.

— Eh ! monsieur, il n’était pas difficile de deviner que je demanderais à vous voir.

— Pardonnez lui, madame, dit Andrée à voix basse, il a cru bien faire.

— Et moi je vous dis qu’il a eu tort, répliqua la princesse de façon à n’être entendue que de Balsamo et d’Andrée. On ne se