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— Votre Altesse s’approcha du bureau. Votre Altesse doit s’en souvenir, il y a juste cinq ans de cela.

— Continuez.

— Votre Altesse s’approcha du bureau ; sur le bureau était une lettre tout ouverte, que l’impératrice avait écrite la veille.

— Eh bien !

— Eh bien ! Votre Altesse lut cette lettre.

La dauphine rougit légèrement.

— Et après l’avoir lue, sans doute Votre Altesse fut mécontente de quelques expressions, car elle prit la plume, et de sa propre main…

La dauphine semblait attendre avec anxiété. Balsamo continua :

— Elle raya trois mots.

— Et ces trois mots quels étaient-ils ? s’écria vivement la dauphine.

— C’étaient les premiers de la lettre.

— Je ne vous demande pas la place où ils se trouvaient, mais quelle était leur signification ?

— Un trop grand témoignage d’affection, sans doute, pour la personne à qui la lettre était adressée ; de là cette faiblesse dont je disais qu’en une circonstance, au moins, votre auguste mère avait pu être accusée.

— Ainsi, vous vous souvenez de ces trois mots ?

— Je m’en souviens.

— Vous pourriez me les redire ?

— Parfaitement.

— Redites-les.

— Tout haut ?

— Oui.

Ma chère amie.

Marie-Antoinette se mordit les lèvres en pâlissant.

— Maintenant, dit Balsamo, Votre Altesse Royale veut-elle que lui dise à qui cette lettre était adressée ?

— Non ; mais je veux que vous me l’écriviez.

Balsamo tira de sa poche une espèce d’agenda à fermoir d’or, écrivit sur une de ses feuilles quelques mots avec un