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surtout quand ils croient qu’il s’agit du bonheur de leurs enfants.

— L’histoire, je l’espère, dit Marie-Antoinette, ne constatera pas une seule faiblesse dans Marie-Thérèse.

— Parce que l’histoire ne saura pas ce qui n’est su que de l’impératrice Marie-Thérèse, de Votre Altesse royale et de moi.

— Nous avons un secret à nous trois, monsieur ? dit en souriant dédaigneusement la dauphine.

— À nous trois, madame, répondit tranquillement Balsamo ; oui, à nous trois.

— Voyons ce secret, monsieur ?

— Si je le dis, ce n’en sera plus un.

— N’importe, dites toujours.

— Votre Altesse le désire ?

— Je le veux.

Balsamo s’inclina.

— Il y a au palais de Schœnbrunn, dit-il, un cabinet qu’on appelle le cabinet de Saxe, à cause des magnifiques vases de porcelaine qu’il renferme.

— Oui, dit la dauphine, après ?

— Ce cabinet fait partie de l’appartement particulier de Sa Majesté l’impératrice Marie-Thérèse.

— Oui.

— C’est dans ce cabinet qu’elle fait d’habitude sa correspondance intime.

— Oui.

— Sur un magnifique bureau de Boule, qui fut donné à l’empereur François Ier par le roi Louis XV.

— Jusqu’ici ce que vous dites est vrai, monsieur ; mais tout le monde peut savoir ce que vous dites.

— Que Votre Altesse daigne prendre patience. Un jour, c’était un matin, vers sept heures, l’impératrice n’était pas encore levée, Votre Altesse entra dans ce cabinet par une porte qui lui était particulière, car, parmi les augustes filles de Sa Majesté l’impératrice, Votre Altesse était la bien-aimée.

— Après, monsieur ?