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Sous les lianes de clématites, de jasmins et de chèvrefeuilles fleuris, dont les noueuses tiges lançaient mille épais rameaux, une table ovale était dressée, éblouissante, et par l’éclat du linge de damas qui la couvrait, et par le service de vermeil ciselé, qui couvrait le linge.

Dix couverts attendaient dix convives.

Une collation recherchée, mais d’une composition étrange, avait tout d’abord attiré les regards de la dauphine.

C’étaient des fruits exotiques confits dans du sucre, des confitures de tous les pays, des biscuits d’Alep, des oranges de Malte, des limons et des cédrats d’une grosseur inouïe, le tout reposant dans de vastes coupes. Enfin les vins les plus riches de tons et les plus nobles d’origine étincelaient de toutes les nuances du rubis et de la topaze dans quatre admirables carafes taillées et gravées en Perse.

Le lait qu’avait demandé la dauphine emplissait une aiguière de vermeil.

La dauphine regarda autour d’elle et ne vit parmi ses hôtes que des visages pâles et effarés.

Les gens de l’escorte admiraient et se réjouissaient sans rien comprendre, mais aussi sans chercher à comprendre.

— Vous m’attendiez donc, monsieur, demanda la dauphine au baron de Taverney.

— Moi, madame ? balbutia celui-ci.

— Sans doute. Ce n’est pas en dix minutes que l’on fait de pareils préparatifs, et je suis chez vous depuis dix minutes à peine.

Et elle acheva sa phrase en regardant La Brie d’un air qui voulait dire :

— Surtout quand on n’a qu’un seul valet.

— Madame, répondit le baron, j’attendais effectivement Votre Altesse Royale, ou plutôt j’étais prévenu de son arrivée.

La dauphine se tourna vers Philippe.

— Monsieur vous avait donc écrit ? demanda-t-elle.

— Non, madame.

— Personne ne savait que je dusse m’arrêter chez vous, monsieur, pas même moi, dirais-je presque, car je cachais mon désir à moi-même, pour ne pas causer ici l’embarras que je