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l’arrivée de son frère, se précipitait à sa rencontre, se retira, faisant un signe à Nicole et à La Brie, qui, sans doute, comprirent ce signe, car ils suivirent Balsamo et disparurent avec lui sous les arbres de l’avenue.


XIII

PHILIPPE DE TAVERNEY.


Philippe de Taverney, chevalier de la Maison-Rouge, ne ressemblait point à sa sœur, quoiqu’il fut aussi beau comme homme qu’elle était belle comme femme. En effet, des yeux d’une expression douce et fière, une coupe irréprochable de visage, d’admirables mains, un pied de femme et la taille la mieux prise du monde en faisaient un charmant cavalier.

Comme tous les esprits distingués qui se trouvent gênés dans la vie, telle que la leur fait le monde, Philippe était triste sans être sombre. C’est à cette tristesse peut-être qu’il devait sa douceur, car, sans cette tristesse accidentelle, il eût été naturellement impérieux, superbe et peu communicatif. Le besoin de vivre avec tous les pauvres, ses égaux de fait, comme avec tous les riches, ses égaux de droit, assouplissait une nature que le ciel avait créée rude, dominatrice et susceptible ; il y a toujours un peu de dédain dans la mansuétude du lion.

Philippe avait à peine embrassé son père, qu’Andrée, arrachée à sa torpeur magnétique par la secousse de cet heureux événement, vint, comme nous l’avons dit, se jeter au cou du jeune homme.

Cette action était accompagnée de sanglots qui révélaient toute l’importance que donnait à cette réunion le cœur de la chaste enfant.

Philippe prit la main d’Andrée et celle de son père et les entraîna tous deux dans le salon, où ils se trouvèrent seuls.

— Vous êtes incrédule, mon père, tu es surprise, ma sœur,