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— Mon frère ! mon frère ! exclama Andrée, en lui tendant les deux bras par sa fenêtre.

— Serait-ce par hasard monsieur votre fils, cher baron ? demanda négligemment Balsamo.

— Oui, pardieu ! oui, c’est lui-même, répondit le baron stupéfait.

— C’est un commencement, dit Balsamo.

— Décidément vous êtes donc sorcier ? demanda le baron.

Un sourire de triomphe se dessina sur les lèvres de l’étranger.

Le cheval grandissait à vue d’œil ; on le vit bientôt ruisselant de sueur, entouré d’une vapeur humide, franchir les dernières rangées d’arbres, et il courait encore, qu’un jeune officier de taille moyenne, couvert de boue et la figure animée par la rapidité de sa course, sautait à bas du coursier et venait embrasser son père.

— Ah ! diable ! disait le baron ébranlé dans ses principes d’incrédulité. Ah ! diable !

— Oui, mon père, disait Philippe qui voyait un reste de doute flotter sur le visage du vieillard. C’est moi ! c’est bien moi !

— Sans doute, c’est toi, répondit le baron ; je le vois mordieu bien ! Mais par quel hasard est-ce toi ?

— Mon père, dit Philippe, un grand honneur est réservé à notre maison.

Le vieillard releva la tête.

— Une visite illustre se dirige vers Taverney : dans une heure, Marie-Antoinette-Josèphe, archiduchesse d’Autriche et dauphine de France, sera ici.

Le baron laissa tomber ses bras avec autant d’humilité qu’il avait montré de sarcasme et d’ironie, et se tournant vers Balsamo :

— Pardonnez, dit-il.

— Monsieur, dit Balsamo en saluant Taverney, je vous laisse avec monsieur votre fils ; il y a longtemps que vous ne vous êtes vus et vous devez avoir mille choses à vous dire.

Et Balsamo, après avoir salué Andrée, qui, toute joyeuse de