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— Ainsi, dit gravement Balsamo, ma prédiction vous fait plaisir ? Tant mieux, ma foi ; mais à votre place, baron…

— À ma place ?

— Je donnerais quelques ordres, je ferais quelques dispositions…

— Vraiment ?

— Oui.

— J’y songerai, cher hôte, j’y songerai.

— Il serait temps.

— C’est donc sérieusement que vous me dites cela ?

— On ne peut plus sérieusement, baron ; car, si vous voulez recevoir dignement la personne qui vous fait la faveur de vous visiter, vous n’avez pas une minute à perdre.

Le baron secoua la tête.

— Vous doutez, je crois ? dit Balsamo.

— Ma foi, cher hôte, j’avoue que vous avez affaire à l’incrédule le plus endurci…

Ce fut en ce moment que le baron se dirigea du côté du pavillon de sa fille, pour lui faire part de la prédiction de son hôte, et qu’il appela :

— Andrée ! Andrée !

Nous savons comment la jeune fille répondit à l’invitation de son père, et comment le regard fascinateur de Balsamo l’attira près de la fenêtre.

Nicole était là regardant avec étonnement La Brie qui lui faisait des signes et cherchait à comprendre.

— C’est diablement difficile à croire, répétait le baron, et à moins que de voir…

— Alors, puisqu’il faut absolument que vous voyiez, retournez-vous, dit Balsamo en étendant la main vers l’avenue au bout de laquelle galopait à toute bride un cavalier dont le cheval faisait résonner la terre sous ses pas.

— Oh ! oh ! s’écria le baron, voilà en effet…

— Monsieur Philippe ! s’écria Nicole en se haussant sur la pointe des pieds.

— Notre jeune maître, fit La Brie avec un grognement de joie.