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je me serai jetée sur mon lit sans avoir la force de me déshabiller.

— Il fallait m’appeler, mademoiselle, dit Nicole d’un ton doucereux, ne suis-je pas la femme de chambre de mademoiselle ?

— Je n’y aurai pas songé, ou je n’en aurai pas eu la force, dit Andrée avec une sincère candeur.

— Hypocrite ! murmura Nicole.

Puis elle ajouta :

— Mais mademoiselle est restée bien tard au clavecin alors, car, avant que mademoiselle ne fût rentrée dans sa chambre, ayant entendu du bruit en bas, je suis descendue.

Ici, Nicole s’arrêta, espérant surprendre quelque mouvement d’Andrée, un signe, une rougeur ; mais elle resta calme, et l’on pouvait voir en quelque sorte jusqu’à son âme par le limpide miroir de son visage.

— Je suis descendue, répéta Nicole.

— Eh bien ? demanda Andrée.

— Eh bien ! mademoiselle n’était pas à son clavecin.

Andrée releva la tête ; mais il était impossible de lire autre chose que l’étonnement dans ses beaux yeux.

— Voilà qui est étrange ! dit-elle.

— C’est comme cela.

— Tu dis que je n’étais point au salon ; je n’en ai pas bougé.

— Mademoiselle m’excusera, dit Nicole.

— Où étais-je donc alors ?

— Mademoiselle doit le savoir mieux que moi, dit Nicole en haussant les épaules.

— Je crois que tu te trompes, Nicole, dit Andrée avec la plus grande douceur. Je n’ai point quitté mon tabouret. Il me semble seulement me rappeler avoir eu froid, avoir éprouvé des lourdeurs, une grande difficulté de marcher.

— Oh ! dit Nicole en ricanant, quand j’ai vu mademoiselle elle marchait cependant bien.

— Tu m’as vue ?

— Oui, sans doute.