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Il avait, sans doute pour quelque mystérieux motif, quitté l’habit de soie qu’il portait[1]. Elle voulut se retourner, crier.

Mais Balsamo étendit ses bras en avant, et elle ne bougea plus.

Elle fit un effort.

— Monsieur, dit-elle, monsieur !… au nom du ciel, que voulez-vous ?

Balsamo sourit, la glace répéta cette expression de sa physionomie, et Andrée l’absorba avidement.

Mais il ne répondit pas.

Andrée tenta encore une fois de se lever, mais elle ne put y parvenir ; une force invincible, un engourdissement qui n’était point sans charme, la clouèrent sur son fauteuil, tandis que son regard restait rivé sur le miroir magique.

Cette sensation nouvelle l’épouvanta, car elle se sentait entièrement à la discrétion de cet homme, et cet homme était un inconnu.

Elle fit pour appeler au secours un effort surhumain ; sa bouche s’ouvrit ; mais Balsamo étendit ses deux mains au-dessus de la tête de la jeune fille, et aucun son ne sortit de sa bouche.

Andrée resta muette ; sa poitrine s’emplit d’une sorte de chaleur stupéfiante qui monta lentement jusqu’à son cerveau, se déroulant comme une vapeur aux tourbillons envahissants.

La jeune fille n’avait plus ni force ni volonté ; elle laissa retomber sa tête sur son épaule.

En ce moment, il sembla à Balsamo entendre un léger bruit du côté de la fenêtre ; il se retourna vivement et crut voir extérieurement s’éloigner de la vitre le visage d’un homme.

Il fronça le sourcil ; et, chose étrange, la même impression sembla se refléter sur le visage de la jeune fille.

Alors, se retournant du côté d’Andrée, il abaissa les deux

  1. On sait que la soie est mauvaise conductrice et repousse l’électricité. Il est à peu près impossible de magnétiser une personne qui porte de la soie sur elle.