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ment. La mort païenne, plus coquette que la nôtre, n’apparaissait point aux agonisants du siècle d’Auguste comme un squelette décharné au crâne nu, aux orbites vides, au ricanement sombre, et tenant à la main une faux au fer recourbé ; non, c’était tout simplement une belle femme pâle, fille du Sommeil et de la Nuit, aux longs cheveux épars, aux mains blanches et froides, aux embrassements glacés ; quelque chose comme une amie inconnue qui, lorsqu’on l’appelait, sortait des ténèbres, s’avançait grave, lente et silencieuse, s’inclinait au chevet du mourant, et, du même baiser funèbre, fermait à la fois ses lèvres et ses yeux. Alors, le cadavre demeurait sourd, muet, insensible, jusqu’au moment où la flamme du bûcher