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d’avoir troqué sa vache pour un cheval ! À la fin, la fatigue prit tellement le dessus, que, de dix pas en dix pas, il était forcé de s’arrêter ; la meule aussi lui pesait de plus en plus, car elle semblait s’alourdir au fur et à mesure que ses forces diminuaient.

Il arriva, en marchant comme une tortue, au bord d’une fontaine où bouillonnait une eau aussi limpide que le ciel qu’elle reflétait ; c’était une source dont on ne voyait pas le fond.

— Allons, s’écria Nicolas, il est dit que j’aurai de la chance jusqu’au bout ; au moment où j’allais mourir de soif, voilà une fontaine !

Et, posant sa meule au bord de la source, Nicolas se mit à plat ventre, et but à sa soif pendant cinq minutes.

Mais, en se relevant, le genou lui glisse ; il voulut se retenir à la meule, et, en se retenant, il poussa la pierre, qui tomba à l’eau et disparut dans les profondeurs de la source.