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montant le Cydnus, que de voir Marie sur son char de coquillages, embaumée de parfums, flottant sur des vagues d’essence de rose, s’avançant traînée par des dauphins d’or, qui relevaient la tête et lançaient en l’air des gerbes brillantes de cristal rosé qui retombaient en pluie diaprée de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Enfin, pour que la joie pénétrât par tous les sens, une douce harmonie commençait de retentir, et l’on entendait de petites voix argentines qui chantaient :

« Qui donc vogue ainsi sur le fleuve d’essence le rose ? Est-ce la fée Mab ou la reine Titania ? Répondez, petits poissons qui scintillez sous les vagues, pareils à des éclairs liquides ; répondez, cygnes gracieux qui glissez à la surface de l’eau ; répondez, oiseaux aux vives couleurs qui traversez l’air comme des fleurs volantes. »

Et, pendant ce temps, les douze petits Maures qui avaient sauté derrière le char de coquillages secouaient en cadence leurs petits parasols garnis de sonnettes,