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Dieu soit loué ! disaient-elles. Puisque la princesse Pirlipate crie, c’est qu’elle n’est pas morte.

Et alors elles accoururent au berceau : mais leur désespoir fut grand lorsqu’elles virent ce qu’était devenue cette délicate et charmante créature !

En effet, à la place de ce visage blanc et rose, de cette petite tête aux cheveux d’or, de ces yeux d’azur, miroir du ciel, était plantée une immense et difforme tête sur un corps contrefait et ratatiné. Ses deux beaux yeux avaient perdu leur couleur céleste, et s’épanouissaient verts, fixes et hagards, à fleur de tête. Sa petite bouche s’était étendue d’une oreille à l’autre, et son menton s’était couvert d’une barbe cotonneuse et frisée, on ne peut plus convenable pour un vieux polichinelle, mais hideuse pour une jeune princesse.

En ce moment, la reine entra ; les six gardiennes ordinaires et les deux surgardiennes intimes se jetèrent la face contre terre, tandis que les six conseil-