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purée de foie dont il était fort friand, dame Souriçonne parut tout à coup devant elle, et lui dit :

— Tués par ton époux, sans crainte ni remords,
Mes enfants, mes neveux et mes cousins sont morts ;
Mais tremble, madame la reine !
Que l’enfant qu’en ton sein tu portes en ce jour,
Et qui sera bientôt l’objet de ton amour,
Soit déjà celui de ma haine.
Ton époux a des forts, des canons, des soldats,
Des mécaniciens, des conseillers d’États,
Des ministres, des souricières.
La reine des souris n’a rien de tout cela ;
Mais le ciel lui fit don des dents que tu vois là
Pour dévorer les héritières.

Là-dessus, elle disparut, et personne ne l’avait revue depuis. Mais la reine, qui, en effet, s'était aperçue depuis quelques jours qu’elle était enceinte, fut si épouvantée de cette prédiction, qu’elle laissa tomber la purée de foie dans le feu.

Ainsi, pour la seconde fois, dame Souriçonne priva le roi d’un de ses mets favoris ; ce qui le mit fort