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le pense bien, et le pouvoir discrétionnaire que demandait le roi lui fut accordé.

Alors il envoya une de ses meilleures voitures, précédée d’un courrier pour faire plus grande diligence, à un très habile mécanicien qui demeurait dans la ville de Nuremberg, et qui s’appelait Christian-Élias Drosselmayer, invitant le susdit mécanicien à le venir trouver à l’instant même dans son palais, pour affaire urgente. Christian-Élias Drosselmayer obéit aussitôt ; car c’était un homme véritablement artiste, qui ne doutait pas qu’un roi aussi renommé ne l’envoyât chercher pour lui confectionner quelque chef-d’œuvre. Et, étant monté en voiture, il courut jour et nuit jusqu’à ce qu’il fût en présence du roi. Il s’était même tellement pressé, qu’il n’avait pas eu le temps de se mettre un habit, et qu’il était venu avec la redingote jaune qu’il portait habituellement. Mais, au lieu de se fâcher de cet oubli de l’étiquette, le roi lui en sut gré ; car, s’il avait commis une faute,