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— Peut-être, mais je crains de me tromper.

— Impossible ! dit Tête-de-Fer en riant de nouveau.

— N’importe, dites toujours.

— C’est le Leycester, pardieu !

— Et à qui croyez-vous qu’il en veuille ?

— Mais à la Calypso, qu’il me semble ; vous savez bien, capitaine, qu’il a une vieille dent contre elle pour quelque chose comme son mât de misaine qu’elle a eu l’insolence de lui couper en deux.

— À merveille, maître Tête-de-Fer, je savais tout ce que vous venez de me dire, mais je ne suis pas fâché de voir que vous êtes de mon avis ; dans cinq minutes, le quart va être renouvelé ; faites reposer les hommes qui ne seront pas de service ; dans une vingtaine d’heures, ils auront besoin de toutes leurs forces.

— Est-ce que le capitaine n’a pas l’intention de profiter de la nuit pour faire fausse route ? demanda maître Tête-de-Fer.

— Silence, monsieur, nous causerons de cela plus tard, dit Jacques, allez à votre besogne, et faites exécuter les ordres que j’ai donnés.

Cinq minutes après, on releva le quart, et tous les hommes qui n’étaient pas de service disparurent dans la batterie ; au bout de dix minutes, tous dormaient ou faisaient semblant de dormir.

Et cependant, parmi tous ces hommes, il n’y en avait pas un qui ne sût que la Calypso était poursuivie ; mais ils connaissaient leur chef et ils se reposaient sur lui.

Cependant la corvette continuait de marcher dans la même direction, mais elle commençait à rencontrer la houle du large, ce qui ne pouvait que rendre son allure plus fatigante. Sara, Georges et Pierre Munier descendirent dans la cabine, et Jacques seul resta sur le pont.

La nuit était tout à fait venue, et l’on avait perdu entièrement de vue la frégate ; une demi-heure s’écoula.

Au bout de cette demi-heure, Jacques appela de nouveau son second, lequel se rendit immédiatement à son invitation.

— Maître Tête-de-Fer, dit Jacques, où supposez-vous que nous soyons maintenant ?