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— Georges, dit Sara, au nom du ciel, viens ; et la jeune fille lança son cheval au galop.

— Mon père ! s’écria Georges, mon père !

— Sur ma vie, je réponds de tout, dit Jacques en fouettant Antrim du plat de son sabre.

Et Antrim partit comme le vent, emportant son cavalier qui, en moins de dix minutes, disparut avec Sara derrière le camp Malabare, tandis que Pierre Munier, Jacques et ses marins le suivait avec une telle rapidité qu’avant que les Anglais ne fussent revenus de leur étonnement, la petite troupe était déjà de l’autre côté du ruisseau des Pucelles, c’est-à-dire hors de portée de fusil.


XXIX

LE LEYCESTER.


Vers les cinq heures du soir du même jour où s’étaient passés les événements que nous venons de raconter, la corvette la Calypso, marchant sous toutes ses voiles de plus près, faisait route vers l’est-nord-est, serrant le vent qui, selon la coutume de ces parages, soufflait de l’est.

Outre ses dignes matelots, et maître Tête-de-Fer, leur premier lieutenant, que nos lecteurs connaissent, sinon de vue, du moins de réputation, son équipage s’était recruté de trois autres personnages. Ces personnages étaient Pierre Munier, Georges et Sara.

Pierre Munier se promenait avec Jacques du mât d’artimon au grand mât, et du grand mât au mât d’artimon.

Georges et Sara étaient à l’arrière, assis l’un à côte de l’autre. Sara avait sa main dans les mains de Georges ; Georges regardait Sara, et Sara regardait le ciel.

Il faudrait s’être trouvé dans l’horrible situation à laquelle venaient d’échapper les deux amants, pour pouvoir analyser