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Nos lecteurs connaissent trop le caractère de Georges pour penser qu’un seul instant l’idée se soit présentée à lui de nier aucun des faits qui lui étaient imputés. Non seulement il répondit avec la plus grande véracité à toutes les questions faites, mais encore il s’engagea, non pas pour le jour, il se sentait trop faible encore, mais pour le lendemain, à dicter lui-même au greffier l’historique détaillé de toute la conspiration. L’offre était trop gracieuse pour que la justice la refusât.

Georges avait un double but en faisant cette proposition : d’abord d’activer la marche du procès, ensuite de prendre toute la responsabilité pour lui.

Le lendemain les deux magistrats se représentèrent. Georges fit le récit auquel il s’était engagé ; seulement, comme il passait sous silence les propositions qu’était venu lui faire Laïza, le juge d’instruction l’interrompit en lui faisant observer qu’il omettait une circonstance à sa décharge, laquelle, attendu la mort de Laïza, ne se trouvait plus être à la charge de personne.

Ce fut ainsi que Georges apprit la mort de Laïza et les circonstances qui avaient accompagné cette mort ; car, pour lui, comme nous l’avons dit, toute cette partie de sa vie était demeurée dans l’obscurité.

Il ne prononça pas une seule fois le nom de son père, et le nom de son père ne fut pas une seule fois prononcé, et à plus forte raison, comme on le pense bien, le nom de Sara.

Cette déclaration de Georges rendait parfaitement inutile tout autre interrogatoire.

Georges cessa donc de recevoir toute visite, excepté celle du docteur.

Un matin, en entrant, le docteur trouva Georges debout.

— Monsieur, lui dit-il, je vous avais défendu de vous lever avant quelques jours, vous êtes trop faible.

— C’est à-dire, mon cher docteur, répondit Georges, que vous me faites l’injure de me confondre avec les accusés ordinaires, lesquels retardent autant qu’ils peuvent le jour du jugement ; mais moi, je vous l’avouerai franchement, j’ai hâte d’en finir, et, en conscience, croyez-vous que ce soit la peine d’être si bien guéri pour mourir ; quant à moi, il me semble