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atteignent au plus profond des cavernes, et Georges, blessé, sera bientôt rejoint ; mais au contraire fuyez de votre côté, ils croient que votre fils vous accompagne, alors c’est à vous qu’ils s’attachent, c’est après vous qu’ils s’acharnent, c’est vous qu’ils rejoignent peut-être ; moi, pendant ce temps, je profite de la nuit ; avec quatre hommes dévoués, j’emporte Georges d’un autre côté ; nous gagnons les bois qui environnent le morne du Bambou. Si vous avez quelque moyen de nous sauver, vous allumerez un feu sur l’île des Oiseaux ; alors nous descendons sur un radeau la grande Rivière, et vous venez avec une chaloupe nous recevoir à son embouchure.

Pierre Munier avait écouté tout ce plaidoyer les yeux fixes, la respiration suspendue, serrant les mains de Laïza entre ses mains ; puis, à ses dernières paroles, lui jetant les bras au cou :

— Laïza ! Laïza ! s’écria-t-il ; oui, oui, je te comprends, il n’y a que ce moyen : toute la meute anglaise sur moi, c’est cela, et tu sauves mon Georges.

— Je le sauve ou je meurs avec lui, dit Laïza, voilà tout ce que je puis vous promettre.

— Et je sais que tu tiendras ce que tu promets. Attends seulement que j’aille encore une fois embrasser mon enfant, et je pars.

— Non, non, dit Laïza ; si vous le voyez vous ne voudrez plus le quitter ; s’il sait que vous vous exposez pour sauver sa vie, il ne voudra pas le permettre : partez, partez ; et vous tous suivez-le ; quatre hommes seulement avec moi, les plus forts, les plus vigoureux, les plus dévoués.

Une douzaine d’hommes se présentèrent.

Laïza en désigna quatre ; puis, comme Pierre Munier hésitait à partir :

— Les Anglais ! les Anglais ! dit-il au vieillard ; dans un instant les Anglais seront ici.

— Ainsi, à l’embouchure de la Grande-Rivière ! s’écria Pierre Munier.

— Oui, si nous ne sommes ni tués ni pris.

— Adieu, Georges, adieu, cria Pierre Munier et, suivi