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ches d’un buisson qui bordait le chemin et s’élevait au haut du talus, dont la pente rapide conduisait, comme nous l’avons dit, à un précipice ; puis, peu à peu, ces branches s’écartèrent et donnèrent passage à la tête d’un homme.

Malgré l’obscurité, moins grande d’ailleurs à cet endroit que ne couvrait le feuillage d’aucun arbre, Pierre Munier et Laïza remarquèrent en même temps le mouvement imprimé au buisson, car leurs deux mains, qui se cherchaient, se rencontrèrent et se serrèrent en même temps.

L’espion resta un instant immobile ; puis, il allongea de nouveau la tête, interrogea des yeux et de l’oreille tout l’espace découvert, fit encore un mouvement en avant, et, rassuré par le silence qui le faisait croire à la solitude, il se dressa sur ses genoux, écouta de nouveau, et, ne voyant et n’entendant rien, finit par se relever tout à fait.

Laïza serra plus fortement alors la main de Pierre Munier pour lui recommander une plus grande prudence, car, pour lui, il n’y avait plus de doute, cet homme cherchait leur trace.

En effet, arrivé sur le bord du chemin, le rôdeur de nuit se courba de nouveau, interrogeant la terre pour savoir si elle n’avait gardé aucun vestige de la marche de plusieurs hommes ; il toucha du plat de la main le gazon pour voir s’il n’était pas froissé ; il toucha du bout du doigt les cailloux, pour s’assurer s’ils n’avaient point été ébranlés dans leurs alvéoles ; enfin, comme si l’air à son tour eût pu conserver des traces de ceux qu’il cherchait, il leva la tête, fixant son regard sur le tamarinier, contre le tronc et sous l’ombre duquel Laïza était caché.

En ce moment un rayon de la lune passa entre deux cimes d’arbres et vint éclairer le visage de l’espion.

Alors, avec un mouvement prompt comme l’éclair, Laïza dégagea sa main droite de la main de Pierre Munier, et, s’élançant d’un seul bond de manière à saisir par son extrémité une des branches les plus flexibles de l’arbre qui l’abritait, il plongea, avec la rapidité de l’aigle qui s’abat, jusqu’au pied du rocher, saisit l’espion par la ceinture, et redonnant d’un coup de pied l’impulsion à la branche, qui se redressa, il remonta avec lui comme l’aigle remonte avec sa