Page:Dumas - Georges, 1848.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui, et les Anglais nous poursuivent.

— Où sont-ils ?

— Ils étaient campés, il y a une heure, entre le piton du milieu et la source de la rivière des Créoles.

— Ils sont sur nos traces ?

— Oui, et demain nous aurons probablement de leurs nouvelles.

— Plus tôt, répondit Laïza.

— Comment, plus tôt ?

— Oui, si nous avons mis nos coureurs en campagne, ils en ont de leur côté fait autant que nous.

— Eh bien ?

— Eh bien ! il y a des hommes qui rôdent dans les environs.

— Comment le savez-vous ; avez-vous entendu leur voix, avez-vous reconnu leurs pas ?

— Non, mais j’ai entendu passer un cerf, et j’ai reconnu à la rapidité de sa course qu’il s’était levé d’effroi.

— Ainsi vous croyez que quelque rôdeur nous traque ?

— J’en suis sûr. — Silence !

— Quoi ?

— Écoutez…

— En effet, j’entends du bruit.

— C’est le vol d’un coq des bois qui s’élève à deux cents pas de nous.

— De quel côté ?

— Là, dit Laïza en étendant la main dans la direction d’un bouquet de bois, dont on voyait les cimes s’élever du fond du ravin. Tenez, continua le nègre, le voilà qui s’abat à trente pas de nous, de l’autre côté du chemin qui passe au bas du rocher.

— Et vous croyez que c’est un homme qui l’a fait lever ?

— Un homme ou plusieurs hommes, répondit Laïza. Je ne puis préciser le nombre.

— Ce n’est pas cela que je voulais dire. Vous croyez qu’il a été effrayé par une créature humaine ?

— Les animaux reconnaissent d’instinct le bruit que font les autres animaux, et ne s’en effraient point, répondit Laïza.

— Ainsi ?