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quitter la place. Puis il traversa la cour, monta le perron et entra dans l’antichambre.

L’ordre avait été donné d’avance aux domestiques d’introduire monsieur Georges Munier aussitôt qu’il se présenterait. Un domestique marcha donc devant le jeune homme, ouvrit la porte du salon et l’annonça.

Georges entra.

Dans ce salon étaient : — lord Murrey, monsieur de Malmédie et Sara.

Au grand étonnement de Sara, dont les yeux se portèrent immédiatement sur le jeune homme, la figure de Georges exprima plutôt à sa vue une sensation pénible que joyeuse : son front se plissa légèrement, ses sourcils se rapprochèrent, et un sourire presque amer glissa sur sa bouche.

Sara qui s’était levée vivement sentit ses genoux plier sous elle, et retomba lentement sur son fauteuil.

Monsieur de Malmédie se tint debout et immobile comme il était, se contentant d’incliner légèrement la tête : lord Williams Murrey fit deux pas vers Georges et lui présenta la main.

— Mon jeune ami, lui dit-il, je suis heureux de vous annoncer une nouvelle qui, je l’espère, comblera tous vos désirs ; monsieur de Malmédie, jaloux d’éteindre toutes ces distinctions de couleur et toutes ces rivalités de castes, qui depuis deux cents ans font le malheur, non-seulement de l’Île de France, mais des colonies en général, monsieur de Malmédie consent à vous accorder la main de sa nièce, mademoiselle Sara de Malmédie.

Sara rougit et leva imperceptiblement les yeux sur le jeune homme, mais Georges se contenta de s’incliner sans répondre. Monsieur de Malmédie et lord Murrey le regardèrent avec étonnement.

— Mon cher monsieur de Malmédie, dit lord Murrey en souriant, je vois bien que notre incrédule ami ne s’en rapporte pas à ma seule parole ; dites-lui donc que vous lui accordez la demande qu’il vous a faite, et que vous désirez que tout souvenir d’animosité ancien et récent soit oublié entre vos deux familles.

— C’est vrai, monsieur, dit monsieur de Malmédie en s’im-