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tié. Aussi, se retournant vers le courrier, lui ordonna-t-il de présenter ses respects à milord, et de lui dire qu’il serait chez lui à l’heure convenue.

Le courrier partit avec cette réponse.

Alors il se mit à une table, et écrivit à Sara.

Regardons par-dessus son épaule et suivons des yeux les quelques lignes qu’il traçait :

« Chère Sara,

» D’abord, que votre lettre soit bénie. C’est la première que je reçois de vous, et, quoique bien courte, elle me dit tout de que je voulais savoir, c’est que vous ne m’avez pas oublié, c’est que vous m’aimez toujours, c’est que vous êtes mienne comme je suis vôtre.

» J’irai chez lord Murrey à l’heure que vous m’indiquez. Y serez-vous ? Vous ne me le dites pas. Hélas ! les seules nouvelles heureuses que je puisse attendre ne peuvent venir que de votre bouche, puisque le seul bonheur auquel j’aspire au monde, c’est celui d’être votre mari. Jusqu’ici j’ai fait tout ce que j’ai pu pour cela ; tout ce que je ferai encore sera dans le même but. Restez donc forte et fidèle, Sara, comme je serai fidèle et fort ; car si près de nous que vous apparaisse le bonheur, j’ai bien peur que nous n’ayons encore l’un et l’autre, avant de l’atteindre, de terribles épreuves à traverser.

» N’importe, Sara, ma conviction est que rien ne résiste au monde à une volonté puissante et immuable, et à un amour profond et dévoué ; ayez cet amour, Sara, et moi j’aurai cette volonté.

» Votre Georges. »

Cette lettre écrite, Georges la remit à Miko-Miko, qui reprit son bambou et ses paniers, et de son pas habituel repartit pour Port-Louis ; il va sans dire que ce ne fut pas sans avoir reçu la nouvelle rétribution que ses fidèles services méritaient si bien.

Georges resta seul avec Laïza. Laïza avait à peu près tout entendu, et avait tout compris.