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fluence sur vous, mademoiselle, je vous supplierais au contraire de rester.

Sara se rassit. Il y eut un moment de silence ; puis monsieur de Malmédie fit signe qu’il attendait.

— Monsieur, dit Georges d’une voix parfaitement calme, vous me connaissez ; vous connaissez ma famille ; vous connaissez ma fortune. J’ai à cette heure deux millions à moi. Pardon d’entrer dans ces détails ; mais je les crois indispensables.

— Cependant, monsieur, reprit Henri, j’avoue que je cherche inutilement en quoi ils peuvent nous intéresser.

— Aussi n’est-ce pas précisément à vous que je parle, dit Georges en conservant le même calme dans le maintien et dans la voix, tandis que Henri montrait une impatience visible, mais à monsieur votre père.

— Permettez-moi de vous dire, monsieur, que je ne comprends pas plus le besoin qu’a mon père de pareils renseignements.

— Vous allez le comprendre, monsieur, reprit froidement Georges. Puis, regardant fixement monsieur de Malmédie : — Je viens, continua-t-il, vous demander la main de mademoiselle Sara.

— Et pour qui ? demanda monsieur de Malmédie.

— Pour moi, monsieur, répondit Georges.

— Pour vous ! s’écria Henri en faisant un mouvement que réprima aussitôt un regard terrible du jeune mulâtre.

Sara pâlit.

— Pour vous ? demanda monsieur de Malmédie.

— Pour moi, monsieur, reprit Georges en s’inclinant.

— Mais, s’écria monsieur de Malmédie, vous savez bien, monsieur, que ma nièce est destinée à mon fils.

— Par qui, monsieur ? demanda à son tour le jeune mulâtre.

— Par qui, par qui ! eh parbleu ! par moi, dit monsieur de Malmédie.

— Je vous ferai observer, monsieur, reprit Georges, que mademoiselle Sara n’est point votre fille, mais seulement votre nièce, ce qui fait qu’elle ne vous doit qu’une obéissance relative.