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Tous deux étaient vêtus de noir et en habit, ce qui indiquait une visite de cérémonie.

Monsieur de Malmédie fit quelques pas au-devant d’eux, tandis que Sara se levait en rougissant, et après une révérence timide, se rasseyait, ou plutôt retombait sur sa chaise, et que mamie Henriette, s’apercevant de l’étourderie que l’étonnement lui avait fait commettre, refermait rapidement le robinet de la bouilloire.

Bijou, sur un geste de son maître, approcha deux fauteuils, mais Georges s’inclina en faisant signe que c’était inutile et qu’il se tiendrait debout.

— Monsieur, dit le gouverneur en s’adressant à monsieur de Malmédie, voici monsieur Georges Munier, qui est venu me prier de l’accompagner chez vous, et d’appuyer de ma présence une demande qu’il a à vous faire. Comme mon désir bien sincère serait que cette demande lui fût accordée, je n’ai pas cru devoir me refuser à cette démarche qui me procure d’ailleurs l’honneur de vous voir.

Le gouverneur s’inclina et les deux hommes répondirent par un mouvement pareil.

— Nous sommes les obligés de monsieur Georges Munier, répondit monsieur de Malmédie père : nous serions donc enchantés de lui être agréables en quelque chose.

— Si vous voulez par là, monsieur, répondit Georges, faire allusion au bonheur que j’ai eu de sauver mademoiselle du danger qu’elle courait, permettez-moi de vous affirmer que toute la reconnaissance est de moi à Dieu, qui m’a conduit là pour faire ce que tout autre eût fait à ma place. D’ailleurs, ajouta Georges en souriant, vous allez voir, monsieur, que ma conduite dans cette occasion n’était pas exempte d’égoïsme.

— Pardon, monsieur, mais je ne vous comprends pas, dit Henri.

— Soyez tranquille, monsieur, reprit Georges, votre doute ne sera pas long, et je vais m’expliquer clairement.

— Nous écoutons, monsieur.

— Dois-je me retirer, mon oncle, demanda Sara ?

— Si j’osais espérer, dit Georges en se retournant à demi et en s’inclinant, qu’un désir émis par moi eût quelque in-