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ombragé par un magnifique sang-dragon, et en face de ce pavillon, une seconde habitation destinée aussi aux esclaves. Enfin, au troisième plan, on avait à gauche l’entrée latérale qui donnait dans la rue de la Comédie, et à droite un passage conduisant à un petit escalier et se dirigeant à la ruelle plantée d’arbres formant terrasse, qui donnait par son retour en face du théâtre.

De cette façon, si l’on a bien suivi la description que nous venons de faire, on verra que le pavillon se trouvait séparé du corps de logis par le passage. Or, comme ce pavillon était la retraite favorite de Sara et que c’était dans ce pavillon qu’elle passait la plus grande partie de son temps, le lecteur nous permettra d’ajouter quelques mots à ce que nous en avons déjà dit dans un de nos précédents chapitres.

Ce pavillon avait quatre faces, quoiqu’il ne fût visible que de trois côtés. En effet, un de ses côtés attenait aux cases des noirs. Les trois autres donnaient, l’un sur la cour d’entrée où étaient plantés les manguiers, les lilas de Chine et le sang-dragon ; l’autre sur le passage conduisant au petit escalier, l’autre enfin sur un grand chantier de bois, à peu près désert, qui donnait d’un côté sur le même ruisseau qui prolongeait une des façades extérieures de la maison de monsieur de Malmédie, de l’autre contre la ruelle plantée d’arbres et élevée au-dessus du chantier d’une douzaine de pieds à peu près. Contre cette ruelle étaient adossées deux ou trois maisons dont les toits, doucement inclinés, offraient une pente facile à ceux qui eussent désiré, par un motif quelconque, se dispensant de la route de tout le monde, pénétrer incognito de la ruelle dans le chantier.

Ce pavillon avait trois fenêtres et une porte donnant, comme nous l’avons dit, sur la cour. Une des fenêtres s’ouvrait près de cette porte, une autre sur le passage et une troisième sur le chantier.

Pendant le récit de Miko-Miko, Georges avait souri trois fois, mais avec des expressions bien différentes. La première, lorsque son ambassadeur lui avait dit que Sara avait gardé la carte ; la seconde, lorsqu’il avait parlé du prochain mariage de Henri avec sa cousine ; la troisième, lorsqu’il lui avait appris qu’on pouvait pénétrer dans le pavillon par la fenêtre du chantier.