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LE PENDU.

« — Allons, je n’ai rien à refuser a un camarade.

« Je fis à la cordelette un joli petit nœud coulant, je rattachai à une des branches les plus fortes et les plus élevées, et j’approchai du tronc du mûrier une bûche que je mis debout et qu’il n’avait plus qu’à pousser du pied pour mettre deux pieds de vide entre lui et la terre.

« C’était certes plus qu’il n’en fallait à un honnête homme pour se pendre.

« Pendant tout ce temps, lui me regardait faire.

« Il n’était plus pâle, il était couleur de cendre.

« Quand ce fut achevé :

« — Voilà ! lui dis-je, la grosse ouvrage est faite ; maintenant avec un brin de résolution, ce sera fini en une seconde.

« — Cela est bien aisé à dire, murmura-t-il.

« — Après ça, repris-je, vous savez bien que ce n’est pas moi qui vous y pousse ; au contraire, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour vous en empêcher.

« — Oui… mais moi je le veux, dit-il en montant résolument sur sa bûche.