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UNE VEILLÉE DE ROI.

« Je me penchai pour secourir ce malheureux.

« — Un instant, dit le vieillard en m’arrêtant, mais à quelle condition ?

« — Comment, comment, à quelle condition ?

« — Oui, vous avez dit que le roi lui faisait grâce de la vie, à quelle condition lui fait-il cette grâce ?

« Je cherchais un biais.

« — Ne mentez pas, monsieur, dit le vieillard, à quelle condition ?

« — La peine est commuée en celle des travaux forcés à perpétuité.

« — C’est bien, dit le père, je m’en doutais que c’était pour cela qu’il voulait vous parler seul, l’infâme ?

« Et, se redressant de toute sa hauteur, il alla d’un pas ferme prendre son bâton qui était dans un coin.

« — Que faites-vous ? lui demandai-je.

« — Il n’a plus besoin de moi, dit-il. J’étais venu pour le voir mourir et non pour le voir marquer. L’échafaud le purifiait, le lâche a préféré le bagne.

« J’apportais ma bénédiction au guillotiné, je donne ma malédiction au forçat.