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LE FORÇAT.

J’échangeai quelques paroles avec Jadin ; je lui recommandai d’examiner avec attention celui qui était l’objet de ma curiosité.

Mais Jadin ne se rappelait aucunement l’avoir vu, et, comme à moi, ce nom de Gabriel Lambert lui était parfaitement étranger.

Pendant ce temps nos forçats venaient d’achever leur collation, et se levaient pour reprendre leur poste dans la barque ; nous nous en approchâmes à notre tour, et comme pour l’atteindre il fallait sauter de rocher en rocher, le garde-chiourme fit un signe à ces malheureux, qui entrèrent dans la mer jusqu’aux genoux, afin de nous aider dans le trajet.

Mais je remarquai une chose, c’est qu’au lieu de nous offrir la main pour point d’appui, comme auraient fait des matelots ordinaires, ils nous présentaient le coude.

Était-ce une consigne donnée d’avance ?

Était-ce dans cette humble conviction que leur main était indigne de toucher la main d’un honnête homme ?

Quant à Gabriel Lambert, il était déjà dans la barque avec son compagnon, à son poste accoutumé, et tenant son aviron à la main.