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GABRIEL LAMBERT.

« Je me levai toute tremblante et je me hâtai de la suivre ; cependant je n’eus point le courage de franchir la distance qui séparait la maison de mon père du presbytère sans l’interroger.

« Elle me dit que le père Thomas venait d’arriver de Paris à l’instant même. Je n’eus pas la force de lui en demander davantage.

« J’arrivai.

« Tous deux étaient dans le petit cabinet où avait déjà eu lieu la scène que je viens de raconter. Le curé était triste et le père Thomas était sombre et sévère.

« Je restai debout contre la porte, je sentais que ma cause était jugée et perdue.

« — Du courage, mon enfant, me dit le prêtre, car voilà Thomas qui nous apporte de mauvaises nouvelles.

« — Gabriel ne m’aime plus, m’écriai-je.

« — On ne sait pas ce qu’est devenu Gabriel, me dit le curé.

« — Comment cela ? m’écriai-je, le vaisseau qui le portait est-il perdu ? Gabriel est-il mort ?

« — Plût au ciel ! dit son père, et que toute la fable qu’il nous a faite fût une vérité !

« — Quelle fable ? demandai-je effrayée ;