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CONFESSION.

prêtre, dis que tu es bien malheureuse.

« — Mais, mon père, peut-être ne savez-vous pas tout ; car enfin comment auriez-vous pu deviner ?

« — Écoute, ma fille, je vais te le dire, reprit le prêtre, car aussi bien, c’est t’épargner un aveu, et, même avec moi, n’est-ce pas ? cet aveu te serait pénible.

« — Oh ! je sens maintenant que je puis tout vous dire ; n’êtes-vous pas le ministre du Dieu qui sait tout ?

« — Eh bien ! parle, mon enfant, dit le prêtre, parle, je t’écoute.

« — Mon père, lui dis-je, mon père !…

« Et ma voix s’arrêta dans ma poitrine ; j’avais trop présumé de mes forces ; je ne pouvais pas aller plus loin.

« — Je me suis douté de tout cela, dit le prêtre, le jour même du départ de Gabriel. Ce jour-là, ma pauvre enfant, je t’ai vue sans que tu me visses.

« J’avais été appelé dans la nuit pour recevoir la confession d’un mourant, et je revenais à quatre heures du matin lorsque je rencontrai Gabriel, que tout le monde croyait parti de la veille au soir.