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DÉPART POUR PARIS.

ainsi, et j’espérais être aussi forte dans cette dernière entrevue contre lui et contre mon cœur que je l’avais toujours été.

« Hélas ! je me trompais. Sans cette nuit je n’eusse été que malheureuse. Par cette nuit je fus perdue.

« Au point du jour, Gabriel me quitta ; il fallait nous séparer. Je le reconduisis par la porte du jardin qui donnait sur les dunes.

« Là il me renouvela toutes ses promesses, là il me jura de nouveau qu’il n’aurait jamais d’autre femme que moi, et il endormit du moins mes craintes s’il n’endormit point mes remords.

« Nous nous quittâmes. Je le perdis de vue au coin du mur, mais je courus pour le revoir encore ; et, en effet, je l’aperçus qui suivait d’un pas rapide le sentier qui conduisait à la grande route.

« Il me sembla qu’il y avait dans la rapidité de ce pas quelque chose qui contrastait singulièrement avec ma douleur à moi.

« Je le rappelai par un cri.

« Il se retourna, agita son mouchoir en signe d’adieu et continua son chemin.

« En tirant son mouchoir, il fit, sans s’en