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GABRIEL LAMBERT.

Malheureusement je n’étais ni Dante, ni Milton, ni Gœthe.

Puis, tout au contraire de Pénélope, le jour venait détruire le travail de la nuit.

Le matin arrivait. J’étais réveillé par un coup de canon. Je sautais en bas de mon lit. J’ouvrais ma fenêtre, des torrents de lumière envahissaient ma chambre, chassant devant eux tous les pauvres fantômes de mon insomnie, épouvantés de ce grand jour. Alors je voyais s’avancer majestueusement hors de rade quelque magnifique vaisseau à trois ponts, le Triton ou le Montebello, qui, juste devant ma villa, comme pour ma récréation particulière, venait faire manœuvrer son équipage, ou exercer ses artilleurs.

Puis il y avait les jours de tempête, les jours où le ciel si pur se voilait de nuages sombres, où cette Méditerranée si azurée devenait couleur de cendre, où cette brise si douce se changeait en ouragan.

Alors le vaste miroir du ciel se ridait, cette surface si calme commençait à bouillir comme au feu de quelque fournaise souterraine. La houle se faisait vague, les vagues se faisaient montagnes. La blonde et douce