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UN COIN DU VOILE.

guéri. Tenez, il y a des moments où mes nerfs se roidissent comme s’ils voulaient se rompre, où mes dents se serrent comme si elles voulaient se briser, où j’entends des bourdonnements dans ma tête comme si toutes les cloches de Notre-Dame tintaient à mon oreille ; alors, continua-t-il, il me semble que je vais devenir fou. Docteur, quelle est la mort la plus douce ?

« — Pourquoi cela ?

« — C’est qu’il me prend parfois des envies de me tuer.

« — Allons donc !

« — Docteur, on dit qu’en s’empoisonnant avec de l’acide prussique, c’est fait en un instant.

« — C’est effectivement la mort la plus rapide que l’on connaisse.

« — Docteur, à tout hasard vous devriez me préparer un flacon d’acide prussique.

« — Vous êtes fou.

« — Tenez, je vous le payerai ce que vous voudrez, mille écus, six mille francs, dix mille francs ; si toutefois vous me répondez qu’on meurt sans souffrir.

« Je me levai.