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UN COIN DU VOILE.

chambre éclatante ; il roulait entre ses gros doigts un charmant petit flacon de Clackmann ou de Benvenuto Cellini.

« — Ah ! que c’est bon et gracieux à vous d’être venu me voir, docteur ! dit-il en se soulevant à demi et me faisant signe de m’asseoir. Au reste, je ne vous ai pas menti ; je suis horriblement souffrant.

« — Qu’avez-vous ? lui demandai-je ; serait-ce votre blessure ?

« — Non ; grâce à Dieu, merci, il n’y paraît pas plus maintenant que si c’était une simple piqûre de sangsue. Non, je ne sais pas, docteur, si je ne craignais pas que vous vous moquiez de moi, je vous dirais que je crois que j’ai des vapeurs.

« Je souris.

« — Oui, n’est ce pas ? continua-t-il, c’est une maladie que vous réservez exclusivement pour vos belles malades. Mais le fait est qu’il n’en est pas moins vrai que je souffre beaucoup, et cela sans pouvoir dire ce dont je souffre, ni comment je souffre.

« — Diable, ça devient dangereux. Serait-ce de l’hypocondrie ?

« — Comment dites-vous cela, docteur ?