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GABRIEL LAMBERT.

momentané de mon malade. C’était de l’argent placé à cent pour cent : un duel pouvait lui rapporter une jolie femme et cinquante mille livres de rente ; il s’était battu.

« Je me levai.

« — Quand vous reverrai-je, docteur ?

« — Demain je viendrai lever l’appareil.

« — J’espère que si l’on parle de ce duel devant vous, docteur, vous direz que je me suis bien conduit.

« — Je dirai ce que j’ai vu, monsieur.

« — Ce misérable Olivier, murmura le blessé, j’aurais donné cent mille francs pour le tuer sur le coup.

« — Si vous êtes assez riche pour payer cent mille francs la mort d’un homme, répondis-je, vous devez moins regretter votre mariage, qui n’ajoutait que cinquante mille livres de rente à votre fortune.

« — Oui ; mais ce mariage me plaçait ; ce mariage me permettait de cesser des spéculations hasardeuses ; un jeune homme, d’ailleurs, né avec des goûts aristocratiques, n’est jamais assez riche. Aussi je joue à la Bourse ; il est vrai que j’ai du bonheur : le